6 StocaMine dernière étude

Un dernier rapport sur le déstockage de StocaMine est sorti en décembre 2020.
Ce rapport doit éclairer la ministre de l’écologie pour prendre sa décision : retrait total ou pas ?
La ministre viendra sur le site le 5 janvier 2020.
Dans le rapport, toutes sortes de manipulations.

Pourquoi ce rapport ?

Un rapport de 2018 du BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) affirmait qu’il était possible de ressortir les 42 000 tonnes de déchets chimiques ultimes.
Pourtant, en 2019 le gouvernement annonce l’enfouissement définitif des 42 000 tonnes de déchets toxiques.
La sinistre nouvelle a été annoncée par François de Rugy , alors ministre de l’écologie, actuellement député de Loire Atlantique.

Sous la pression des élus et pour temporiser la colère des alsaciens, l’éphémère ministre au homard a concédé une nouvelle étude.
Ce rapport attendu entre mars et mai 2020 ( lettre préfet) n’arrive que décembre 2020.
Le confinement aurait fait perdre de 6-8 mois à cette étude. Dommage, le télétravail n’existe sans doute pas pour les bureaux d’études modernes. A moins que cela ne soit pas un hasard.

Dans cette nouvelle étude plusieurs scénarios sont envisagés.

Vous pouvez télécharger le document de synthèse ici : Etude 2020 SocaMine

Scénario S1 : confinement définitif des déchets, sans retrait (préparation en cours, marché Bouygues)
S2 : déstockage total hors B15 ( bloc qui a pris feu en 2002)
S3 : déstockage total hors B15, à l’exclusion des résidus d’incinération, des déchets amiantés et des déchets générés de 2015 à 2017
S4 : déstockage de déchets prioritaires en fonction de leur impact potentiel sur la nappe phréatique en cas de maintien en place et d’ennoyage de la mine
S5 : déstockage partiel puis confinement avant fin 2027
S6 : confinement puis déstockage partiel puis fin du confinement avant 2027

Dans la présentation de ces 6 scénarios on voit déjà percer les manipulations.
La plus belle : le RETRAIT TOTAL des 42 000 tonnes de déchets n’est pas étudié.

Autres exemples :

  • « S1 : confinement définitif sans retrait (préparation en cours, marché Bouygues) ».

Pourquoi la précision «  préparation en cours, marché Bouygues » ? La ficelle est un peu grosse, sans commentaire.

Ce rapport aurait dû écrire : Scénario S0 : Retrait total, proposé par le BRGM et par la société qui a déjà sorti des produits mercuriels.

  • « S3 : déstockage total hors B15, à l’exclusion des résidus d’incinération, des déchets amiantés et des déchets générés de 2015 à 2017 »

Pourquoi ne pas ressortir les déchets amiantés, puisque de toute manière il faudra les déplacer plusieurs fois pour ressortir les autres déchets qui seront derrière les bigbags ; Voir les réflexions sur les sorties de produits mercuriels (Extrait CR de CSS). Voir ci-dessous le constat pour sortir les déchets souillés au pyralène non autorisés.

  • «  S4 : déstockage de déchets prioritaires en fonction de leur impact potentiel sur la nappe phréatique en cas de maintien en place et d’ennoyage de la mine. »

Rappelons que les gérants de StocaMine et l’Etat, qui participent à cette étude, AFFIRMENT et RE-AFFIRMENT depuis des années qu’il n’y aura AUCUN impact sur la nappe phréatique avant des milliers d’années. Alors, pourquoi faire croire qu’ils font l’étude de l'impact potentiel ? D’ailleurs dans le rapport, page 7, il est écrit : "Bénéfice environnemental local sur la nappe d’Alsace (aspect hydrogéologique) non démontré pour les 5 scénarios" ?

Autre exemple de manipulation entre S5 et S6 : soit retirer 10%, soit retirer 25% des déchets Pour faire plaisir aux alsaciens, il est possible que l’option 25 % soit retenue. Pour retirer ces 25 % , l’état commencerait par fermer les galeries tout de suite, puis laisserait des portes de sorties. ENSUITE on sort les 25% de déchets. N’est-ce pas curieux ? Qui empêchera que l’état referme les portes avant la remontée des 25 % déchets ?

L’expérience Stocaminienne prouve que les promesses n’engagent que ceux qui veulent les croire. (voir les exemples sur la réversibilité )

Autre fait surprenant

Certains scénarios proposent la pose de bouchons de béton (confinement du site) en même temps que la sortie de déchets. Quel sérieux pour cette proposition ?

L’état veut créer sur le site une centrale à béton, avec stockage des sables, granulats, ciments, etc..
Où seront les bâtiments de stockage temporaire des déchets ? Il faudra réparer certains fûts ou big-bags ?
Comment se passera la circulation des nombreux véhicules, camions, chariots, plateaux élévateurs, etc. ? Quid pour la sécurité des travailleurs ?

Barbara Pompili, actuelle ministre de l’Écologie depuis mai 2017 (quatrième en quatre ans) doit venir sur le site de StocaMine le 5 décembre. Manipulation ? Article annonçant sa venue.

Que proposera la ministre ?

Selon des élus, trois scénarios ont la priorité de l’état : S1 : un confinement immédiat sans retrait. S2 : une remontée d’environ 10% des déchets jusqu’en 2025, suivie d’un confinement de la mine jusqu’en 2027, S3 : un début de confinement, un déstockage, suivi de la fin des opérations de confinement, qui permettrait de remonter jusqu’à 25% des 42 000 tonnes de déchets « ultimes » .

Il ne faut pas accepter l’inacceptable,
Il faut IMPOSER le scénario S0 : RETRAIT TOTAL des 42 000 tonnes de déchets

Examinons d’un peu plus près cette étude :

L’analyse ci présente est partielle. On ne parlera pas des finances et des autres rigolades.
Il est étonnant de constater que l’état, ou les responsables, trouvent des arguments là où on les attend le moins.

1 - Les Risques professionnels et la santé des travailleurs.
2 - Impacts environnementaux
3 - Délais

1 - Les Risques professionnels et la santé des travailleurs. (page 6)

Il est évident que le retrait des déchets chimiques ultimes sera une opération très délicate.

Les risques  étudiés dans cette étude sont très divers :
Risques de trébuchement, Risques de chute de hauteur ; Risques liés aux circulations internes de véhicules ; ... Risques liés aux produits, aux émissions et aux déchets ; ...  ; Risques liés à l'amiante.etc.
Il ne faut pas nier les problèmes et les risques. Il faut les connaître pour les éviter. Ce qu’on constate, c’est que pour l’enfouissement l’inquiétude était plutôt « cool ».

Pourtant les risques et dangers n’étaient pas négligeables.

Incidents d’exploitation et irrégularités pendant l’enfouissement :

22 juin, 18 août et 30 novembre 1999 : des lots de déchets radioactifs arrivent sur le site, sont refusés et retournés à l’envoyeur.

-2 juin 2000 : un important coup de grisou se produit lors du traçage d’une galerie destinée au stockage.

- Suite à une grève du personnel, des déchets restent entreposés en surface durant plusieurs semaines alors que le délai maximal est de 48h (cf. arrêté préfectoral).
27 juin 2001, la CLIS est informée que 50 tonnes de déchets souillés au pyralène ont été descendus en toute illégalité au fond de la mine. Le préfet ordonne de déstocker ces déchets et donne 5 jours à l’entreprise pour déstocker. Il faudra 7 mois et demi aux mineurs pour y parvenir après avoir déplacé quelques 600 tonnes de déchets qui gênaient l’accès.

28 novembre 2001 : la CLIS est informée qu’il faut creuser le sol (le mur) pour maintenir une hauteur suffisante pour accéder. La tenue des terrains n’est pas stable. Déjà ? Pourtant, la mine devait encore accueillir 320 000 tonnes sur trentaine d’années.

30 août 2002, des membres du collège des associations de la CLIS interviennent sur le site pour s’opposer à la descente de « big bags » mouillés et dégageant de fortes odeurs.
10 septembre 2002 : « l’improbable incendie » détruit le bloc 15, occasionnant des troubles respiratoires et cutanés à l’équipe de secours des MDPA (et non de Stocamine) descendue sans protection réglementaire.

2 octobre 2002 : La CLIS est informée que le feu couve toujours et que l’accès au bloc 15 reste impossible.

16 novembre 2002 : le sous-préfet de Thann, président de la CLIS, autorise la dispersion de 12 000 m3 de fumées, jusque-là confinées au fond de la mine, « par voie naturelle ».

Comme on le voit, l’attention portée à la sécurité et à la santé des ouvriers n’est pas toujours la même.
Le scénario S0 (retrait total) IMPOSSIBLE pour des raisons de sécurité ?

Rappelons que la société allemande qui a déjà ressorti une partie des produits mercuriels s’est portée volontaire pour continuer l’évacuation des 42 000 tonnes restantes (y compris le B15) ! Pour la première phase, il n’y a pas eu d’accident notable. (Intervention collège des associations en CSS )

Depuis des années les associations mettent en avant la possibilité de faire intervenir des robots quand la situation est trop dangereuse pour les mineurs.
En 2012, le robot Curiosity arrivait sur Mars. En janvier 2020, ce robot, de la grosseur d’une twingo, fonctionnait toujours, et répondait aux demandes des techniciens placés sur terre.
Witellsheim serait une planète trop étrange pour qu’il soit IMPOSSIBLE d’y faire fonctionner des robots ?

2 - Impacts environnementaux

Chouette, le ministère de l’écologie s’intéresse enfin à l’environnement. De 2002 à 2018, c’était plutôt l’inaction et le « je m’en foutisme ».
Là où on pourrait lui faire une petite remarque, c’est de lui souligner que le mot environnement se pense au présent, mais surtout au futur, à moyen, long terme et très long terme.
Dans la synthèse de l'état, les effets sur l’environnement sont pensés au présent ou à très court terme.
Notre analyse du tableau téléchargeable ici.

La conclusion officielle de ce tableau :

Impact négatif fort pour le scénario S2 (déstockage total hors B15 )
Impact négatif moyen à fort pour les scénarios S3, S4, S5 et S6
Bénéfice environnemental local sur la nappe d’Alsace (aspect hydrogéologique) non démontré pour les 5 scénarios

Le Scénario S1 (confinement définitif des déchets, sans retrait (préparation en cours, marché Bouygues)) n’est pas cité dans la conclusion. Cela laisse supposer qu’il est bon pour la santé et pour l’avenir ?

3 - Délais

Délais pour les travaux.png, janv. 2021

La barre rouge, 2027, est l’actuelle limite avant fermeture définitive de la mine, limite imposée par l’état.

Qu’est-ce qui empêche de déplacer cette limite ?

La convergence ? (déformation des galeries) Sans perdre de temps, il faut commencer par le B15 et les blocs où la convergence est la plus forte.
L’ennoyage ? (inondation des galeries) C’est curieux de voir que tout d’un coup, les spécialistes la voient pour très bientôt, alors qu’avant ils la voyaient pour dans des dizaines d’années. Manipulation ?

S’il n’y avait pas eu de problème, l’autorisation de stocker d’autres déchets aurait pu être reconduite encore 30 ans. Les spécialistes ne parlaient aucunement d’ennoyage.
ASSEZ PERDU DE TEMPS !
Relisons l' Intervention du collège des associations en CSS 2019.

Pour déstocker et faire respecter la retrait, l’état peut déplacer cette limite, à la demande des habitant(e)s et député(e)s.

Page suivante : les tableaux manquants à l'étude présentée par l'état.

Haut de page